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Télémédecine : un accès aux soins renforcé

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Télémédecine : un accès aux soins renforcé

Si elle a mis du temps à s'imposer, la télémédecine a aujourd'hui trouvé des soutiens actifs parmi les professionnels hospitaliers. Au bénéfice des patients et des résidents.

Avec le soutien d’autres professionnels, Anne Bonnin, infirmière coordonnatrice en télésanté, Allegra Leroux, infirmière, et le Dr Sandrine Khalifa, gériatre, œuvrent pour le développement de la télémédecine en Deux-Sèvres qui réunit au sein d’un groupement 32 Ehpad, 3 foyers d’accueil médicalisé et 5 maisons d’accueil spécialisé. « La tâche n’est pas aisée et le dispositif n’est pas totalement en routine, reconnaissent-elles. Mais elles ne désespèrent pas de voir la télémédecine gagner du terrain. « C’est vrai que lorsqu’on débute, le dispositif prend du temps. Les infirmières doivent se connecter au logiciel, remplir un formulaire… ». « Au départ, on tâtonne forcément un peu, surtout si on ne pratique pas souvent ».

Mais les bénéfices pour les résidents ou les patients sont tels que l’Etablissement ne peut qu’encourager les professionnels paramédicaux à pratiquer. La téléexpertise et la téléconsultation permettent, en effet, pour les résidents d’améliorer et de faciliter l’accès aux soins, d’éviter des prises en charge tardives, de limiter les transports et leurs contraintes tout en leur permettant de rester dans leur environnement quotidien.

À ce jour, plusieurs praticiens hospitaliers proposent pour les établissements deux-sévriens, en lien avec les infirmières, des téléconsultations ou téléexpertises, en dermatologie, plaies et cicatrisations, psychogériatrie, soins de suite et réadaptation et des télérégulations avec le Samu 79.

Une pratique simple et adaptée

« C’est l’avenir », s’enthousiasme le Dr Caroline-Jade Clerc, dermatologue à l’hôpital. « Ce n’est pas très connu alors que cela répond à un réel besoin », insiste-t-elle avant d’expliquer qu’elle propose des créneaux de téléexpertise une demi-journée par semaine tous les 15 jours. Les infirmières des différents établissements peuvent poser un rendez-vous via l’application Parsys et renseigner le formulaire en y joignant les photos nécessaires. « Ce n’est pas très compliqué », constate Aurore Guignard, infirmière au Cèdre Bleu, formée comme six autres de ses collègues à la télémédecine. Il suffit ensuite d’envoyer le formulaire au médecin qui étudie le dossier lors de son créneau de téléexpertise.

« En dermatologie, nous sommes formés au coup d’œil, déclare le Dr Clerc, cette pratique convient donc parfaitement à notre spécialité pour laquelle nous intervenons sur différentes dermatoses inflammatoires ou oncologiques... ». Bien entendu, les infirmières ont été formées à la prise de vue « et nous avons établi une charte pour les photos », complète le Dr Clerc qui trouve la téléexpertise parfaitement adaptée à certains suivis. Et d’affirmer : « Cela n’a aucun impact sur la qualité de la prise en charge ». Ce qu’approuve le Dr Khalifa, qui exerce la télémédecine à propos des plaies.

Elle propose des créneaux de téléexpertise ou téléconsultation une demi-journée par semaine. « Je laisse aux infirmières le choix de placer une téléexpertise, si elles ont besoin d’un avis, ou une téléconsultation s’il y a besoin d’échanger. Les deux techniques sont pertinentes et lors d’une téléconsultation, outre le fait de voir le patient, je peux également guider l’infirmière dans son geste », complète Sandrine Khalifa.

Côté psychogériatrie, les médecins privilégient la téléconsultation en suivi. Le médecin d’un côté, connecté dans son bureau, le résident dans sa chambre à l’Ehpad accompagné d’un membre de sa famille ou d’un soignant selon son souhait. « Cela se passe toujours bien, témoigne Aurore Guignard. Les patients interagissent bien lors de ces téléconsultations qui peuvent durer 20 à 45 min ». « Pour les patients âgés de psychogériatrie, la téléconsultation est une vraie réponse aux difficultés de mobilité », confirme Viviane Boyaux, cadre supérieure de santé en psychogériatrie. Avant d’ajouter que « le service de psychogériatrie a développé des téléconsultations au domicile du patient. Une infirmière de l’équipe mobile territoriale du réseau  de psychogériatrie se déplace avec une tablette et assiste le patient chez lui pendant la téléconsultation ».

Des résidents et familles satisfaites

Les résidents et les familles acceptent assez facilement de donner leur consentement pour des téléconsultations. Ils apprécient de ne pas avoir à se déplacer, bénéficiant ainsi rapidement d’une prise en soins adaptée.

Chaque praticien peut proposer jusqu’à quatre téléexpertises par an par patient et ne doit pas consacrer plus de 20 % de son temps de travail en téléconsultation. « Bien entendu, si c’est nécessaire, nous recevons le patient en consultation », précise le Dr Clerc, qui apprécie qu’aujourd’hui la téléexpertise et téléconsultation soient un acte coté, remboursé par l’Assurance maladie. « Cela permet de la pratiquer de façon formalisée », renchérit Sandrine Khalifa qui note depuis un regain pour la pratique.

Si aujourd’hui, la télémédecine se pratique dans quelques spécialités, demain, elle devrait investir de nouveaux champs : la diabétologie, l’Equipe mobile de soins palliatifs, la médecine physique et rééducation, l’oncogériatrie, la gériatrie, l’anesthésie, l’activité des médecins traitants et des infirmiers libéraux…

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